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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/204

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contagieux. Ricette éclata la dernière. Et Lili resta seule à rire modérément de sa repartie. Aussi commençai-je de croire qu’elle serait un jour sans peine la plus spirituelle des quatre.

Ricette, ex-pensionnaire pour qui l’arithmétique n’avait plus de secrets, lança des chiffres et par la science des nombres nous ramena aux questions sérieuses :

« Maman est enculée en moyenne trois fois par jour. Ça fait onze cents fois par an.

— Et le pouce ! dit Charlotte.

— Et les godmichés ! dit Lili.

— Et les nuits comme celle de Noël dernier où elle l’a fait dix-huit fois.

— Je dis : en moyenne onze cents fois par an. Elle a commencé à huit ans ; elle en a trente-six. J’ai compté. Ça fait plus de trente mille enculades.

— Trente mille ! s’écrièrent-elles toutes ensemble.

— Et elle baise une fois par an ou à peu près.

— Oh ! je n’ai pas baisé trente fois dans ma vie entière ! déclara Teresa. La dernière nuit où ça m’est arrivé, c’était quand, Charlotte ? C’était l’autre été, au mois de juin ? Ah ! tu peux le dire, fit-elle en se tournant vers moi ! Je suis presque aussi pucelle que Mauricette. Charlotte est comme moi. Il n’y a que Lili qui baise dans la maison.

— Maman, maman, maman ! dit Ricette impatiente. Est-ce que nous commençons ? »

Le consentement qu’elle obtint ne suspendit ni ses pensées ni ses paroles. Elle semblait soucieuse. Elle ne se couchait pas. Abandonnant