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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/221

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maman le savait. »… Vous comprenez pas ?

— Elle ne vous a pas dit autre chose ?

— Si. En m’embrassant sur la porte elle m’a dit : « branle-toi pendant qu’on t’encule, ne demande pas à ton miché où c’est qu’on chie le foutre dans ce bordel-là ; mais fais t’en seringuer, ma gosse, depuis le derrière jusqu’à la gueule, décharge dans ta chemise, dégobille dans le piano, pisse dans la carafe, gagne tes cinquante francs par le trou du cul et surtout ne dis pas de gros mots. »… Vous comprenez pas encore ?

— De moins en moins. Votre pudeur, mademoiselle… Ce trouble qui rend vos paroles confuses… »

Je devenais taquin et deux fois odieux ; car Mauricette jouait fort bien. Si joyeuse qu’elle fût de cœur et d’esprit, je la vis sur le point d’avoir une colère instantanée. Je n’eus que le temps de lui dire en me touchant le front :

« Ah ! j’ai compris !

— Miracle de sainte Mauricette ! soupira-t-elle avec patience.

— Ce losange, on peut le lever ?

— Tu parles !

— Et regarder ce qu’il y a dessous comme chez les petites filles de La Rochelle ? »

Non, non c’était fini. De mes lèvres sur sa bouche, je l’empêchai de répondre. Mes taquineries étaient moins drôles que son jeu et je ne les avais prolongées que pour m’amuser plus longtemps à l’entendre. Je craignais qu’au premier contact elle ne cessât tout comédie mais l’amour du théâtre chez les jeunes filles est