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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/222

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presque aussi fort que le plaisir des sens et pendant quelques minutes Ricette put soutenir son rôle d’ingénue en cabinet particulier.

« Voyez, monsieur, dit-elle, la différence qu’il y a entre le vice et la vertu. Les femmes éhontées qui dansent le nu ont un cache-sexe par-devant. Les pucelles tout habillées ont un petit losange qui se lève par-derrière. (Et elle rit de tout son cœur sur la dernière syllabe).

— Je connais bien mal les secrets des jeunes filles et j’ai peur de ne pas…

— Alors, monsieur, laissez-moi faire. Maman me l’a bien répété : » Si ton client est un con, tu sais t’y prendre ; encule-toi ! »

Elle riait de plus belle ; mais cette fois elle avait passé la mesure. Je n’aime pas ce genre de plaisanteries et l’on m’objecterait en vain qu’une vierge de quatorze ans a droit à quelque indulgence pendant qu’on la sodomise. Ricette reçut, pour le principe, les deux ou trois petites gifles qu’elle méritait. Et alors… (J’ai oublié d’écrire ce détail : la chambre était vaste. Teresa, Charlotte et Lili se groupaient au fond sur le divan. Nous jouions loin d’elles, comme au théâtre, et Mauricette pouvait me parler sans être entendue de l’assistance…) Elle cessa de rire, tourna la tête et me dit ardemment mais tout bas :

« C’est ça que tu appelles des claques, Ta queue me fait plus de mal que ta main. Recommence.

— Mais non !

— Si. Écoute que je t’apprenne, tout bas. Rappelle-toi ce que tu as fait à maman sans le