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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/229

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de force à la scène capitale.

Charlotte reprenant son rôle de pierreuse psalmodia d’une voix traînante.

« Je te l’avais dit que j’étais cochonne, que tu banderais bien dans ma bouche. Qu’elle est belle, ta queue, mon petit homme ! Écoute, j’ai mon frère qui me fait des traits avec une gamine. Écoute pendant que tu l’as bien raide… J’ai envie ! J’en veux pas de tes sous. Encule-moi bien loin, laisse-moi me branler et si tu me fais jouir tu ne me donneras rien. Tiens ! le voilà, mon cul, mets-la ! mets-la vite ! »

Elle se tenait debout, penchée en avant, la jupe noire relevée sur les reins, les fesses nues, dans une attitude où elle représentait avec naturel, avec talent, l’extrême servilité de la prostitution. Et elle reprit de sa triste voix :

« Où qu’elle est, ta queue ?

— Je ne sais pas, fis-je distraitement. Tu peux en chercher une autre.

— Oh ! je te fais bander, je te suce comme il faut, je te dis de m’enculer, que ça ne te coûtera rien, tu ne débandes pas et tu me plaques ? Je te dégoûte ! Ça te plaît pas d’enculer une putain ? Vrai ! Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour gagner tes six sous ? Veux-tu me pisser sur la figure et que je ferme les yeux en ouvrant bien la bouche ?

— Écoute, Charlotte, tu exagères ! » fis-je pour l’arrêter.

Alors, quittant son rôle, parlant pour moi seul avec une expression que je n’oublierai jamais, elle murmura :

« Non ».