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Page:Louÿs - Trois filles de leur mère, 1979.djvu/230

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XV

Mauricette bondit jusqu’à moi, ravie que j’eusse écourté la scène aux dépens de l’art dramatique. Elle ne voulait ni que Charlotte fût toujours la cause de l’état où elle m’avait mis, ni que je retombasse dans l’indifférence par distraction ou faute de soins.

Aussitôt elle eut la pensée d’une nouvelle scène ; mais auparavant elle lança une de ces phrases que les filles de Teresa disaient si naturellement et qui me laissaient chaque fois dans une stupeur sans bornes.

« Lili ! cria-t-elle. Fourre-moi ta langue dans le cul pour voir si j’ai encore de la moutarde ! »

Et, pendant que Lili soulevait le losange de l’arlequine, Mauricette répéta :

« C’est effrayant ce que le trou du cul me démange ! Non ! maman l’a fait exprès de me mettre en chaleur par-derrière. Oh ! tu m’enculerais douze coups avant de me dépuceler cette nuit !… Eh bien, Lili ? quoi ?

— Ben, dit Lili, ça sent le foutre, la gousse, le caca, la putain, la moutarde, la guimauve, la queue, le jus de chat, la peau d’Espagne, le caoutchouc du godmiché, les suppositoires, le fond de bidet, le rouge pour les lèvres, la serviette à cul, la vaseline, l’amidon, le musc, les chiottes de bordel et des saloperies que je n’ose pas dire.