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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/14

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de 138 à 176), deux expéditions partaient de la Gaule celtique : l’une traversait le Rhin et l’Allemagne méridionale pour s’abattre sur l’Illyrie et la Pannonie (aujourd’hui la Hongrie occidentale) ; l’autre, franchissant les Alpes, s’établissait en Italie, dans la contrée située entre ces montagnes et le Pô[1]. Bientôt les envahisseurs se transportèrent sur la rive droite de ce fleuve, et presque tout le territoire compris entre les Alpes et les Apennins prit le nom de Gaule cisalpine. Plus de deux siècles après, les descendants de ces Gaulois marchèrent sur Rome et la brûlèrent tout entière, à l’exception du Capitole[2]. Un siècle encore plus tard (475), on voit de nouvelles bandes sortir de la Gaule, gagner la Thrace par la vallée du Danube[3], ravager la Grèce septentrionale et rapporter à Toulouse l’or enlevé au temple de Delphes[4]. D’autres, parvenues à Byzance[5], passent en Asie, fondent leur domination sur toute la région en deçà du mont Taurus, appelée depuis Gallo-Grèce ou Galatie, et y maintiennent une sorte de féodalité militaire jusqu’à l’époque de la guerre d’Antiochus[6].

Ces faits, quelque obscurs qu’ils soient dans l’histoire, prouvent l’esprit d’aventure et le génie guerrier de la race gauloise ; aussi inspirait-elle une terreur générale. Pendant près de deux siècles, de 364 à 531, Rome lutta contre les Gaulois cisalpins et plus d’une fois la défaite de ses armées mit son existence en péril. C’est pour ainsi dire pied à pied que les Romains firent la conquête de l’Italie du nord, l’affermissant au fur et à mesure par l’établissement de colonies.

  1. Justin, XXIV, iv. — Tite-Live, V, xlviii.
  2. Polybe, II, xvii-xix. — Tite-Live, V, xxxv.
  3. Pausanias, X, xix-xxiii. — Diodore de Sicile, Eclog., XXII, xiii.
  4. Strabon, IV, p. 156, éd. Dübner et Müller. — Justin, XXXII, iii.
  5. Polybe, IV, xlvi.
  6. Justin, XXV, ii. — Tite-Live, XXXVIII, xvi. — Pausanias, VII, vi, § 5.