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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/151

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Sans savoir exactement le chemin que parcourut César, on peut supposer qu’il concentra promptement son armée sur la basse Seine, pour la porter vers le nord, à Amiens, où il convoqua les chefs gaulois qui avaient sollicité l’appui des Germains. Il suivit, depuis Amiens, la route qui passe par Cambrai, Bavay, Charleroy, Tongres et Maëstricht, où il traversa la Meuse. (Voir planche 14.) Il n’était plus qu’à peu de journées des Germains, lorsque des députés vinrent, dans un langage assez fier, proposer un arrangement : « Chassés de leur pays, ils n’ont pas pris l’initiative de la guerre, mais ils ne chercheront pas à l’éviter. Les Germains ont appris de leurs ancêtres, quel que soit l’agresseur, à recourir aux armes, jamais aux prières ; ils peuvent être des alliés utiles aux Romains, si on leur donne des terres ou si on leur laisse celles qu’ils ont conquises. D’ailleurs, hormis les Suèves, que n’égalent pas les dieux eux-mêmes, ils ne connaissent aucun peuple capable de leur résister. » César

    des Trévires. Plusieurs auteurs ont attribué au récit de ces deux historiens plus de créance qu’à celui de César lui-même, et ils expliquent cette campagne tout autrement que nous. Le général de Gœler, entre autres, a compris que l’émigration des Germains s’était avancée jusque dans le pays des Condruses, où César les aurait atteints, et qu’il les avait refoulés de l’ouest à l’est, dans l’angle formé par la Moselle et le Rhin. Après les recherches dont a bien voulu se charger M. de Cohausen, major de l’armée prussienne, et qui ont donné le même résultat que celles de MM. Stoffel et de Locqueyssie, nous regardons cette explication de la campagne comme inadmissible. Il suffirait, pour justifier cette assertion, de considérer que le pays situé entre la Meuse et le Rhin, au sud d’Aix-la-Chapelle, est trop accidenté et trop aride pour que l’émigration germaine, composée de quatre cent trente mille individus, hommes, femmes et enfants, avec chariots, ait pu s’y mouvoir et y subsister. En outre, il ne s’y trouve aucune trace de voies anciennes, et si César avait pris cette direction, il aurait dû nécessairement traverser la forêt des Ardennes, ce qu’il n’eût pas manqué de faire connaître. D’ailleurs, n’est-il pas plus probable qu’à la nouvelle de l’approche de César, au lieu de se diriger vers les Ubiens, qui ne leur étaient pas favorables, les Germains, d’abord répandus sur un vaste territoire, se soient concentrés vers la partie la plus reculée du pays fertile dont ils s’étaient emparés, celui des Ménapiens ?