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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/19

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reposé après sa victoire. César seul a voulu soumettre la Gaule à notre domination[1]. »


Constante préoccupation des Romains à l’égard des Gaulois.

III. Il ressort de cet ensemble de faits que la pensée constante des Romains fut, pendant plusieurs siècles, de résister aux peuples celtiques établis en deçà comme au delà des Alpes. Les auteurs anciens signalent hautement la crainte qui tenait sans cesse Rome en éveil. « Les Romains, dit Salluste, avaient alors, comme de nos jours, l’opinion que tous les autres peuples devaient céder à leur courage, mais qu’avec les Gaulois ce n’était plus pour la gloire, c’était pour le salut qu’il fallait combattre[2]. » De son côté, Cicéron s’exprime ainsi : « Dès le commencement de notre République, tous nos sages ont regardé la Gaule comme l’ennemie la plus redoutable pour Rome. Mais la puissance et la multitude de ces peuples nous avaient empêchés jusqu’à présent de les combattre tous[3]. »

En 694, on s’en souvient, le bruit d’une invasion des Helvètes courut à Rome. Aussitôt cessa toute préoccupation politique, et on eut recours aux mesures exceptionnelles adoptées en semblables circonstances[4]. En effet, dans le principe, lorsqu’il s’agissait d’une guerre contre les Gaulois, on procédait immédiatement à la nomination d’un dictateur et à des levées en masse. Dès lors nul n’était exempté du service militaire, et, dans la prévision d’une attaque de ces barbares, on avait même déposé au Capitole un trésor particulier auquel il n’était permis de toucher que dans cette éventualité[5]. Aussi, lorsqu’en 705 César

  1. Discours sur les provinces consulaires, xiii.
  2. Jugurtha, cxiv.
  3. Discours sur les provinces consulaires, xiii.
  4. Cicéron, Lettres à Atticus, I, xix.
  5. Plutarque, César, xli. — Appien, Guerres civiles, II, xli.