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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/213

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bonius ; l’autre chez les Bellovaques, sous la conduite de M. Crassus, son questeur, à vingt-cinq milles d’Amiens (Montdidier) ; la troisième, sous L. Munatius Plancus, près du confluent de l’Oise et de l’Aisne (à Champlieu). La légion levée en dernier lieu[1] chez les Transpadans se rendit avec cinq cohortes, sous les ordres de Titurius Sabinus et de Aurunculeius Cotta, chez les Éburons, dont le pays, situé en grande partie entre la Meuse et le Rhin, était gouverné par Ambiorix et Catuvolcus. Elle occupa un fort nommé Aduatuca (Tongres)[2]. La dislocation de l’armée parut à

  1. Unam legionem, quam proxime trans Padum conscripserat. — D’après les auteurs de bonne latinité, proxime ne veut pas dire récemment, mais en dernier lieu. Faute d’avoir bien interprété cette phrase, le général de Gœler a supposé que César avait, à cette époque, fait venir d’Italie la 15e légion ; cette légion, comme on le verra, ne fut levée que plus tard.
  2. On a placé Aduatuca dans plus de quatorze localités différentes. Si des écrivains ont cru donner de bonnes raisons pour chercher cette place sur la droite de la Meuse, d’autres ont pensé en produire de tout aussi valables pour la mettre sur la gauche de ce fleuve ; mais la plupart ont adopté tel ou tel emplacement sur de futiles motifs. Personne n’a songé à résoudre la question par un moyen simple : il consiste à s’enquérir si, parmi les diverses localités proposées, il en existe une qui, par la configuration du terrain, réponde aux exigences de la narration des Commentaires. Or Tongres seul est dans ce cas : il y satisfait si complètement qu’on ne peut songer à placer ailleurs Aduatuca. En effet, Tongres est situé dans la région occupée autrefois par les Éburons, et, comme l’écrit César, in mediis finibus Eburonum, ce qui signifie en plein pays des Éburons et non au centre du pays ; il est en outre renfermé dans un cercle de cent milles de rayon comprenant tous les quartiers d’hiver de l’armée romaine, excepté ceux de Roscius. Enfin il remplit toutes les conditions voulues pour l’établissement d’un camp : il est près d’une rivière, sur une hauteur d’où l’on domine les environs, dans un pays qui produit du blé, et du fourrage. À deux milles, vers l’ouest, se trouve un grand défilé, magna convallis, le vallon de Lowaige, où s’explique parfaitement le récit du massacre des cohortes de Sabinus. Tongres s’adapte également aux événements de l’année 701, car à trois milles de ses cours s’étend une plaine séparée de la ville par une seule colline ; du même côté que cette colline s’élève une éminence arrondie, celle de Berg, à laquelle la dénomination de tumulus convient très-bien. Enfin le Geer, dont les bords étaient marécageux autrefois, défendait sur une grande étendue la hauteur de Tongres. (Voir planche 18.)