Aller au contenu

Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

été un instant prisonnier des Gaulois ; selon les autres, il aurait perdu seulement son épée. Servius rapporte en effet cette anecdote peu compréhensible : lorsque le général romain était emmené par les Gaulois, l’un d’eux se mit à crier César, ce qui signifiait en gaulois laisse-le aller, et ainsi il échappa[1]. Plutarque donne une autre version : « Les Arvernes, dit-il, montrent encore une épée suspendue dans un de leurs temples, qu’ils prétendent être une dépouille prise sur César. Il l’y vit lui-même dans la suite et ne fit qu’en rire. Ses amis l’engageaient à la reprendre, mais il ne le voulut pas, prétendant qu’elle était devenue une chose sacrée[2]. » Cette tradition prouve qu’il était assez grand pour supporter le souvenir d’une défaite, bien différent en cela de Cicéron, que nous avons vu enlevant furtivement du Capitole la plaque d’airain où était gravée la loi qui l’avait exilé.


César quitte Gergovia pour rejoindre Labienus.

VIII. César, après l’échec subi devant Gergovia, persista d’autant plus dans ses projets de départ ; mais, ne voulant pas avoir l’air de s’enfuir, il fit sortir ses légions et les rangea en bataille sur un terrain avantageux. Vercingetorix ne se laissa pas attirer dans la plaine ; la cavalerie seule engagea le combat : il fut favorable aux Romains, qui ensuite rentrèrent au camp. Le lendemain la même épreuve se renouvela avec le même succès. Pensant avoir assez fait pour

  1. « Dans la guerre des Gaules, Caius Julius César fut surpris par un ennemi, qui l’enleva tout armé et l’emportait sur son cheval, lorsqu’un autre Gaulois, reconnaissant César, cria, comme pour l’insulter, Cæcos Cæsar ! ce qui en langue gauloise veut dire laisse-le aller, lâche-le, et il échappa ainsi. C’est ce que César dit lui-même dans son Éphéméride, au passage où il parle de sa fortune. » (Servius Maurus Honoratus, grammairien du ve siècle, commentaire du livre XI de l’Énéide, vers 743, II, p. 48, éd. Albert Lion).

    Les manuscrits de Servius ne portent pas tous les mêmes mots. En voici les principales variantes : Cecos, Cæsar ; Cæcos ac Cæsar, et Cæsar, Cesar.

  2. Plutarque, César, xxix.