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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/319

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l’exemple de leurs ancêtres, qui, lors de la guerre des Cimbres, enfermés dans leurs forteresses et en proie à la disette, mangèrent les hommes hors d’état de porter les armes plutôt que de se rendre. Les avis recueillis, il fut décidé que celui de Critognatus ne serait adopté qu’à la dernière extrémité et qu’on se bornerait, pour le moment, à renvoyer de la place toutes les bouches inutiles. Les Mandubiens, qui avaient reçu dans leurs murs l’armée gauloise, furent forcés d’en sortir avec leurs femmes et leurs enfants. Ils s’approchèrent des lignes romaines, supplièrent qu’on les prît pour esclaves et qu’on leur donnât du pain. César mit des gardes le long du vallum, et défendit de les recevoir.

Enfin apparaissent devant Alesia Commius et les autres chefs, suivis de leurs troupes ; ils s’arrêtent sur une colline voisine, à mille pas à peine de la circonvallation (la colline de Mussy-la-Fosse). Le lendemain ils font sortir la cavalerie de leur camp ; elle couvrait toute la plaine des Laumes. Leur infanterie s’établit à quelque distance sur les hauteurs. Du plateau d’Alesia on dominait la plaine. À la vue de l’armée de secours, les assiégés se rassemblent, se félicitent, se livrent à la joie, puis ils se précipitent hors de la ville, comblent le premier fossé avec des fascines et de la terre, et tous se préparent à une sortie générale et décisive.

César, obligé de faire face à la fois de deux côtés, disposa son armée sur les deux lignes opposées des retranchements, et assigna à chacun son poste ; il ordonna ensuite à sa cavalerie de quitter ses campements et d’engager le combat. De tous les camps placés sur le sommet des collines environnantes, la vue s’étendait sur la plaine, et les soldats, l’esprit en suspens, attendaient l’issue de l’événement. Les Gaulois avaient mêlé à leur cavalerie un petit nombre d’archers et de soldats armés à la légère, pour la soutenir si elle pliait, et arrêter le choc des cavaliers ennemis. Bon nombre de ces derniers, blessés par ces fantassins jusque-là inaperçus,