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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/352

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entretenait chez eux de vives alarmes, et résolut d’y mettre un terme en faisant tomber sa vengeance sur le seul Gutruatus, l’instigateur de la guerre. Celui-ci fut amené et livré, et, quoique par nature César fût porté à l’indulgence, il ne put résister aux instances tumultueuses de ses soldats, qui rendaient ce chef responsable de tous les dangers courus et de toutes les misères subies. Gutruatus mourut sous les verges et fut ensuite décapité.

C’est dans le pays des Carnutes que César apprit, par des lettres de Rebilus, les événements survenus à Uxellodunum et la résistance des assiégés. Quoiqu’une poignée d’hommes renfermés dans une forteresse ne fût pas très-redoutable, il jugea nécessaire de punir leur opiniâtreté, de peur que les Gaulois n’acquissent la conviction que, pour résister aux Romains, ce n’était pas la force qui leur avait manqué, mais la constance, et que cet exemple n’encourageât les autres États, possédant des places avantageusement situées, à recouvrer leur indépendance.

Partout, d’ailleurs, dans les Gaules, on savait que César n’avait plus à exercer son commandement que pendant un été, et qu’ensuite on n’aurait plus rien à craindre. Il laissa donc à la tête de ses deux légions le lieutenant Quintus Calenus[1], lui ordonna de le suivre par étapes ordinaires, et avec la cavalerie il se porta à grandes journées vers Uxellodunum.

César, en arrivant à l’improviste devant cette ville, la trouva complètement investie sur tous les endroits accessibles. Il jugea qu’elle ne pouvait pas être prise de vive force (neque ab oppugnatione recedi videret ulla conditione posse), et, comme elle était abondamment pourvue de vivres, il conçut le projet de priver d’eau les habitants. La montagne était entourée presque de toutes parts par un terrain

  1. Voir sa biographie à l’Appendice D.