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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/362

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rendre hommage à l’opinion publique de tous les temps. L’homme aux prises avec des difficultés qui semblent insurmontables, et les domptant par son génie, offre un spectacle toujours digne de notre admiration ; et cette admiration sera d’autant plus justifiée, que la disproportion aura été plus marquée entre le but et les moyens.

César va quitter Rome, s’éloigner des débats du Forum, de l’agitation des comices, des intrigues d’une ville corrompue, et prendre le commandement de ses troupes. Laissons donc un moment de côté l’homme politique et ne considérons que l’homme de guerre, le grand capitaine. Le proconsul romain n’est point un de ces chefs barbares qui, à la tête de hordes innombrables, s’abattent sur un pays étranger pour le ravager par le fer et le feu. Sa mission n’est point de détruire, mais d’étendre au loin l’influence de la République en protégeant les peuples de la Gaule soit contre leurs propres dissensions, soit contre les empiétements de leurs redoutables voisins. Les dangers dont les victoires de Marius ont sauvé l’Italie ne sont pas sortis de la mémoire. On se rappelle la bravoure sauvage et surtout la multitude de ces barbares qui, avant la bataille d’Aix, avaient mis six jours entiers à défiler devant le camp de Marius[1] ; on craint le renouvellement de ces inondations de peuples, et le premier devoir de César est de conjurer de semblables périls. Déjà les Helvètes et leurs alliés, au nombre de 368 000, s’acheminent vers le Rhône ; 120 000 Germains se sont établis dans la Gaule ; 24 000 Harudes, leurs compatriotes, viennent de suivre le même exemple ; d’autres marchent après eux, et plus de 100 000 Suèves s’apprêtent à passer le Rhin.

La Narbonnaise est la base d’opération du proconsul, mais elle se compose en partie de populations récemment

  1. Plutarque, Marius, xix.