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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/377

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son frère Appius, pour les funérailles d’un de ses parents[1]. La troupe de Fabricius fut facilement mise en déroute ; un tribun, M. Cispius, s’était à peine présenté, qu’on le repoussa. Pompée eut sa toge couverte de sang, et Quintus Cicéron, qu’il avait amené au Forum pour parler au peuple en faveur de son frère, fut obligé de se cacher ; les gladiateurs se précipitèrent sur un autre tribun, P. Sextius, et le laissèrent pour mort. « La lutte fut si vive, dit Cicéron, que les cadavres encombrèrent le Tibre, remplirent les égouts ; le Forum se trouva tellement inondé de sang, qu’on fut dans la nécessité de le laver avec des éponges. Un tribun fut tué, la maison d’un autre menacée d’incendie[2]. » La stupeur devint générale, et il fallut ajourner encore la délibération. C’était par l’épée que tout se décidait dans Rome bouleversée et avilie.

En effet, pour amener le retour de Cicéron, le sénat se vit contraint d’opposer l’émeute à l’émeute, et de se servir de P. Sextius, rétabli de ses blessures, ainsi que de Milon, qui avait organisé militairement une bande armée en état de tenir tête aux séditieux[3]. En même temps, il espéra intimider la plèbe urbaine en faisant venir à Rome, de tous les points de l’Italie[4], les citoyens sur lesquels il comptait. De plus, les mêmes hommes qui excitaient, deux ans auparavant, Bibulus à entraver toutes les mesures de César en observant le ciel[5], défendaient maintenant, sous peine

  1. Cicéron, Pour Sextius, xxxv. — Dion-Cassius, XXXIX, vii. — Plutarque, Pompée, li.
  2. Cicéron, Pour Sextius, xxxv ; — Premier discours après son retour, v, vi.
  3. Cicéron, Des Devoirs, II, xvii ; — Pour Sextius, xxxix. — Dion-Cassius, XXXIX, viii.
  4. Cicéron, Deuxième discours après son retour au sénat, x ; — Discours pour sa maison, xxviii ; — Discours contre Pison, xv.
  5. On voit que le pouvoir d’observer le ciel existait encore malgré la loi Clodia.