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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/378

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d’être considéré comme ennemi de la République[1], ces manœuvres religieuses qui suspendaient toutes les délibérations. Enfin la loi de rappel fut rendue.

Cicéron rentra dans Rome la veille des nones de septembre (16 août 697), au milieu des plus vives manifestations d’allégresse. Le sénat avait triomphé de l’opposition factieuse de Clodius ; mais ce n’était pas sans de grands efforts, ni sans avoir eu souvent, de son côté, recours à la violence et à l’arbitraire.


Pompée est chargé des approvisionnements.

III. Dès les premiers moments de son retour, Cicéron mit tous ses soins à augmenter l’influence de Pompée et à le réconcilier avec le sénat. La disette dont souffrait l’Italie cette année lui en fournit l’occasion. Le peuple se souleva tout à coup, se porta d’abord à un théâtre où se célébraient des jeux, puis au Capitole, en proférant des menaces de mort et d’incendie contre le sénat, auquel il attribuait la détresse publique[2]. Déjà en juillet, lors des jeux apollinaires[3], une émeute avait éclaté pour le même motif.

Cicéron, par son éloquence persuasive, calma la foule irritée, proposa de confier à Pompée le soin des approvisionnements et de lui conférer pour cinq ans des pouvoirs proconsulaires en Italie et hors d’Italie[4]. Les sénateurs, effrayés, adoptèrent sur-le-champ cette mesure. C’était, comme à l’époque de la guerre des pirates, donner au même homme une puissance excessive sur toute la terre, ainsi que le disait le décret. On lui adjoignit quinze lieutenants, au nombre desquels fut Cicéron[5]. Mais la création de cette

  1. Cicéron, passages cités.
  2. Cicéron, Lettres à Atticus, IV, i.
  3. Asconius, Commentaire sur le discours de Cicéron pour Milon, p. 48, éd. Orelli.
  4. Dion-Cassius, XXXIX, ix. — Plutarque, Pompée, lii.
  5. Cicéron, Lettres à Atticus, IV, i. — La proposition de Cicéron fut