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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/390

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Pompée croyait ou feignait de croire qu’il y avait une conjuration contre sa vie. Il ne voulait plus aller au sénat, à moins qu’on ne tînt la séance tout près de son domicile, tant il lui paraissait dangereux de traverser la ville[1]. « Clodius, disait-il, cherche à m’assassiner. Crassus le paye, Caton l’encourage. Tous les discoureurs, Curion, Bibulus, tous mes ennemis l’excitent contre moi. Ce peuple, amoureux du bavardage de la tribune, m’a presque abandonné ; la noblesse m’est hostile ; le sénat est injuste pour moi ; la jeunesse est toute pervertie. » Il ajoutait qu’il prendrait ses précautions, et qu’il allait s’entourer de gens de la campagne[2].

Personne n’était à l’abri des plus odieuses imputations. Caius Caton accusait le consul P. Lentulus d’avoir facilité à Ptolémée les moyens de quitter Rome clandestinement[3]. M. Caton s’indignait contre tout le monde. Enfin un parti implacable ne cessait de manifester par des propositions, sans résultat il est vrai, sa rancune et son animosité contre le proconsul des Gaules. Vers le printemps de 698, L. Domitius Ahenobarbus, beau-frère de Caton, dont il avait épousé la sœur Porcia, et qui s’était autrefois enrichi avec les dépouilles des victimes de Sylla, proposait d’enlever à César son commandement[4]. D’autres renouvelaient la motion de faire cesser la distribution des terres de la Campanie, et remettaient en question toutes les lois juliennes[5]. Mais

  1. Cicéron, Lettres à Quintus, II, iii.
  2. Ces paroles sont rapportées par Cicéron (Lettres à Quintus, II, iii), à qui elles étaient adressées par Pompée. Dion-Cassius, contre toute vraisemblance, prétend que Pompée, dès cette époque, était irrité contre César et cherchait à lui ôter sa province. Rien ne prouve une pareille allégation. L’entrevue de Lucques, qui eut lieu cette même année, la contredit formellement.
  3. Voyez Nonius Marcellus (éd. Gerlach et Roth, p. 261), qui cite un passage du livre XXII des Annales de Fenestella, lequel écrivait sous Auguste ou sous Tibère.
  4. Suétone, César, xxiv.
  5. Cicéron, Lettres à Quintus, II, v.