Aller au contenu

Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussi Cicéron était-il en correspondance suivie avec lui. Il composait, on l’a vu, des poèmes en son honneur, et il écrivait à Quintus « qu’il mettait au-dessus de tout l’amitié d’un tel homme, dont l’affection lui était aussi précieuse que celle de son frère et de ses enfants[1]. » Ailleurs il disait : « Les procédés mémorables et vraiment divins de César pour moi et pour mon frère m’ont imposé le devoir de le seconder dans tous ses projets[2]. » Et il avait tenu parole. C’est sur la demande de César que Cicéron avait consenti à reprendre ses anciennes relations d’amitié avec Crassus[3], et à défendre Gabinius et Rabirius. Ce dernier, compromis dans les affaires d’Égypte, était accusé d’avoir reçu de grandes sommes d’argent du roi Ptolémée ; mais Cicéron prouva qu’il était pauvre, réduit à vivre de la générosité de César, et, dans le cours du procès, s’exprima ainsi :

« Voulez-vous, juges, savoir la vérité ? Si la générosité de C. César, extrême envers tout le monde, n’eût, à l’égard de Rabirius, dépassé toute croyance, il y a déjà longtemps que nous ne le verrions plus dans le Forum. César à lui seul remplit envers Postumus le devoir de ses nombreux amis, et les services que ceux-ci rendaient à sa prospérité, César les prodigue à son infortune. Postumus n’est plus que l’ombre d’un chevalier romain ; s’il garde ce titre, c’est par la protection, par le dévouement d’un

    dérant, et de ses ressources, qui, vous le savez, sont immenses. » (Lettres familières, I, ix.) Quelques années plus tard, lorsque Cicéron prévoyait la guerre civile, il écrivait à Atticus : « Il y a cependant une affaire dont je ne cesserai de vous parler tant que je vous écrirai à Rome, c’est la créance de César. Libérez-moi avant de partir, je vous en conjure. » (Cicéron, Lettres à Atticus, V, vi.)

  1. Lettres à Quintus, II, xv ; III, i.
  2. Lettres familières, I, ix.
  3. « J’ai pris sa défense (de Crassus) dans le sénat, comme de hautes recommandations et mon propre engagement m’en faisaient une loi. » (Lettres familières, I, ix.)