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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/484

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Depuis longtemps de savants historiens se sont occupés de ce sujet ; ils se sont livrés aux recherches les plus approfondies, aux plus ingénieuses suppositions, sans arriver cependant à un résultat complètement satisfaisant[1] ; ce qui ne doit pas surprendre, puisque Cicéron lui-même trouvait la question obscure[2].

En vertu d’une loi de C. Sempronius Gracchus, nommée lex Sempronia, il avait été décidé que le sénat désignerait, avant l’élection des consuls, les provinces qu’ils devaient administrer en quittant leurs fonctions. Lorsque César et Bibulus furent nommés, au lieu de provinces, on leur attribua l’inspection des voies publiques. Mais César, ne voulant pas souffrir cet affront, se fit donner par un plébiscite, sur la proposition de Vatinius, le gouvernement de la Gaule cisalpine pour cinq ans ; le sénat y ajouta la Gaule transal-

  1. À notre avis, le professeur A. W. Zumpt (Studia romana, Berlin, 1859) est le seul qui ait éclairci cette question ; aussi lui empruntons-nous la plupart de ses arguments. Quant à M. Th. Mommsen, dans une dissertation spéciale, intitulée La Question de droit entre César et le sénat, il établit qu’il fallait distinguer dans le proconsulat entre la provincia et l’imperium. Suivant lui, la provincia étant attribuée en même temps que le consulat, on ne pouvait, d’après la loi Sempronia, en prendre possession qu’aux calendes du mois de janvier de l’année suivante ; l’imperium, ou commandement militaire, venait s’y ajouter deux mois plus tard, aux calendes de mars. La provincia était donnée par un sénatus-consulte et comptait de janvier à janvier ; l’imperium était donné par une loi curiate et allait de mars à mars ; l’imperium suivait les règles du service militaire, une année commencée était réputée finie comme pour les campagnes des soldats, et ainsi les deux premiers mois de 705 pouvaient compter comme une année entière. Le savant professeur conclut que, si le sénat avait le droit d’enlever à César son imperium, il ne pouvait pas lui enlever le commandement de la province avant la fin de l’année 705, et que César se serait alors trouvé dans la même position que tous les proconsuls qui, pendant l’intervalle entre le 1er janvier, commencement de leur proconsulat, et le 1er mars, époque où ils recevaient l’imperium, avaient la potestas et non le commandement militaire. Ce système, on le voit, repose sur des hypothèses difficiles à admettre.
  2. « Erat autem obscuritas quædam. » (Cicéron, Pour Marcellus, x.)