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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/485

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pine, qui formait alors une province séparée, indépendante de l’autre[1]. En 699, la loi Trebonia prorogea, pour cinq nouvelles années, le commandement de César en Gaule. Ce commandement devait donc durer dix ans, et, comme César n’entra dans ses fonctions proconsulaires qu’au commencement de l’année 696, il semble naturel d’en induire que ces dix années devaient aller jusqu’au 1er janvier 706. On voit cependant que, dès la fin de 704, le sénat regardait le pouvoir de César comme périmé. On se demande alors sur quel fondement cette assemblée s’appuyait pour prétendre que les dix années dévolues au proconsul étaient accomplies à cette époque. Voici, selon nous, l’explication.

C’est au mois de mars qu’avait lieu habituellement la prise de possession du gouvernement des provinces[2] par les consuls sortants. Il est par conséquent très-probable que la loi de Vatinius, rendue, comme nous l’avons dit, en 695, fut votée vers les derniers jours du mois de février de cette même année, et que le proconsulat attribué à César dut partir du jour de la promulgation de la loi. Rien ne l’aurait empêché, en effet, d’abréger le temps de sa magistrature et

  1. La question se compliquait par la différence d’origine des pouvoirs donnés pour chacune des deux Gaules. Le sénat pouvait bien retrancher du commandement de César la Gaule ultérieure, qui lui avait été attribuée par un sénatus-consulte, mais il ne pouvait lui enlever la Gaule citérieure, accordée par un plébiscite, et cependant c’était l’opinion contraire que Cicéron soutenait en 698. En effet, il s’écriait alors, dans son Discours sur les provinces consulaires : « Le préopinant détache la partie de la province sur laquelle il ne peut y avoir d’opposition (parce qu’elle a été donnée par un sénatus-consulte), et ne touche pas à celle que l’on peut très-bien attaquer ; et, en même temps qu’il n’ose enlever ce qui a été donné par le peuple, il se hâte d’ôter, tout sénateur qu’il est, ce qui a été donné par le sénat. » (Cicéron, Discours sur les provinces consulaires, xv. — Velleius Paterculus, II, xliv. — Suétone, César, xx. — Appien, Guerres civiles, II, xiii. — Dion-Cassius, XXXVIII, viii.)
  2. Le 1er mars était le commencement de l’ancienne année romaine, époque de l’entrée des généraux en campagne.