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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/492

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Quelques sénateurs, plus impatients, demandèrent qu’on n’attendît pas, pour statuer sur la question, l’époque fixée par M. Marcellus. Pompée intervint encore comme modérateur, et dit qu’on ne pouvait pas sans injustice prendre, au sujet de la province de César, une décision avant les calendes de mars 704, époque à laquelle il n’y trouverait plus aucun inconvénient. « Que fera-t-on, demanda un des sénateurs, si l’on s’oppose à la décision du sénat ? » — « Peu importe, répondit Pompée, que César refuse d’obtempérer à cette décision ou qu’il aposte des gens pour intercéder. » — « Mais, dit un autre, s’il veut être consul et garder son armée ? » Pompée se borna à répliquer avec un grand sang-froid : « Si mon fils voulait me donner des coups de bâton ?… » Il affectait toujours, on le voit, de l’obscurité dans ses réponses. La conclusion naturelle de ce langage fut de faire supposer des négociations secrètes avec César, et l’on crut que ce dernier accepterait l’une de ces deux conditions, ou de garder sa province sans briguer le consulat, ou de quitter son armée et de revenir à Rome lorsqu’il aurait été, quoique absent, désigné consul.

Le sénat déclara aussi que, pour la province de Cilicie et les huit autres provinces prétoriennes, les gouverneurs seraient choisis au sort entre les préteurs qui n’avaient point encore eu de gouvernement. Cœlius et Pansa firent opposition à ce décret, qui laissait la faculté à cette assemblée de donner les commandements à son gré[1]. Ces différentes mesures révélaient assez les préoccupations du sénat, et les politiques prudents voyaient avec inquiétude qu’il cherchât à précipiter les événements.

La discorde à l’intérieur paralyse généralement à l’extérieur toute politique nationale. Absorbé par ses intrigues au dedans, le parti aristocratique sacrifiait les grands intérêts

  1. Cœlius à Cicéron, Lettres familières, VIII, viii, 3, 4.