Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/496

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est vrai qu’en même temps il achetait tout aussi cher le consul L. Emilius Paulus, sans lui demander autre chose que sa neutralité[1]. On a peine à comprendre comment César, tout en soldant son armée, pouvait s’imposer de pareils sacrifices et suffire à tant d’autres dépenses. Augmenter par ses largesses le nombre de ses partisans à Rome[2] ; faire bâtir, dans la Narbonnaise, des théâtres et des monuments ; près d’Aricia, en Italie, une magnifique villa[3] ; envoyer de riches présents à des villes lointaines, telles étaient ses charges. Comment, pour y subvenir, pouvait-il tirer l’argent nécessaire d’une province épuisée par huit années de guerre ? L’immensité de ses ressources s’explique, parce que, indépendamment des tributs payés par les vaincus, et qui s’élevaient, pour la Gaule, à 40 millions de sesterces par an (plus de 7 millions et demi de francs), la vente des prisonniers à des négociants romains produisait des sommes énormes. Cicéron nous apprend qu’il retira 12 millions de sesterces des captifs vendus après le siège peu important de Pindenissus. Si, par hypothèse, leur nombre s’élevait à 12 000, ce chiffre représente 1 000 sesterces par tête. Or, malgré la générosité de César, qui souvent rendait les captifs aux peuples vaincus, ou en faisait don à ses soldats, ainsi que cela eut lieu après le siège d’Alise, on peut admettre que 500 000 Gaulois, Germains ou Bretons, furent vendus comme esclaves pendant les huit années de la guerre des Gaules, ce qui a dû produire la somme de 500 millions de sesterces, soit environ 95 millions de notre monnaie. C’était donc, au fond, l’argent romain donné par les marchands d’esclaves qui formait la plus

  1. « Emilius Paulus bâtit, dit-on, de cet argent la basilique fameuse qui porte son nom. » (Appien, Guerres civiles, II, xxvi.)
  2. « On a dit de lui qu’il n’y avait homme si infime qui ne lui parût valoir la peine d’être gagné. » (Cicéron, Ad Div., VIII, xxii.)
  3. Villa près d’Aricia. (Cicéron, Lettres à Atticus, VI, i.)