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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/517

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au delà des Alpes et de marcher sur Rome ; mais César ne goûta pas cet avis, toujours persuadé qu’on parviendrait à s’entendre. Il engagea ses amis[1] de Rome à présenter un plan d’accommodement approuvé, disait-on, par Cicéron, et que Plutarque attribue expressément à ce dernier : César aurait cédé la Gaule transalpine, et il aurait gardé la Cisalpine, l’Illyrie avec deux légions, jusqu’à ce qu’il eût obtenu le consulat. On prétendait même qu’il se contenterait de l’Illyrie seule avec une légion[2]. « Il fit les plus grands efforts, dit Velleius Paterculus[3], pour que la paix fût maintenue : les amis de Pompée se refusèrent à tout ce qui fut offert. » — « Les apparences de la justice, dit Plutarque, étaient du côté de César. » La négociation ayant échoué, il chargea Curion de porter au sénat une lettre, pleine d’impudence selon Pompée, pleine de menaces selon Cicéron[4], bien faite au contraire, suivant Plutarque, pour attirer la multitude dans le parti de César[5].

Curion, après avoir parcouru en trois jours 1 300 stades (210 kilomètres), reparut dans cette assemblée le jour même de l’installation des nouveaux consuls, aux calendes de janvier 705. Il ne leur remit pas, selon l’usage, la lettre dont il était porteur, de crainte qu’ils ne voulussent pas la communiquer ; et, en effet, ils s’opposèrent d’abord à ce qu’on en donnât lecture ; mais deux tribuns du peuple dévoués à César, Marc-Antoine, son ancien questeur, et Q. Cassius, insistèrent avec tant de force, que les nouveaux consuls ne purent s’y refuser[6].

  1. Drumann pense que c’est à tort que les Commentaires parlent de Fabius.
  2. Plutarque, Pompée, lix. — Appien, Guerres civiles, II, xxxii.
  3. Velleius Paterculus, II, xlix.
  4. Cicéron, Lettres à Atticus, VII, ix.
  5. Plutarque, Pompée, lxiii.
  6. Plutarque (Pompée, lix) prétend même qu’ils en firent la lecture devant le peuple.