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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/518

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César, après avoir rappelé ce qu’il avait fait pour la République, se justifiait des imputations répandues contre lui par ses ennemis. En protestant de son respect pour le sénat, il déclarait être prêt à résigner ses fonctions proconsulaires, et à licencier son armée ou à la remettre à son successeur, pourvu que Pompée en fit autant. On ne pouvait exiger qu’il se livrât désarmé à ses ennemis, qui demeuraient en armes, et qu’il donnât seul l’exemple de la soumission. Il ne parlait pas cette fois de ses prétentions au consulat ; la grande question de savoir si Pompée et lui garderaient leur armée dominait toutes les autres. La fin de la lettre témoignait d’un vif ressentiment. César y annonçait que, si on ne lui rendait pas justice, il saurait bien, en se vengeant lui-même, venger aussi la patrie. Cette dernière expression, qui ressemblait fort à une menace, excita les plus vives réclamations. C’est la guerre qu’il déclare, s’écria-t-on, et l’irritation fut à son comble[1]. On ne put obtenir de délibération sur aucune de ses propositions.


Lentulus entraîne le sénat contre César.

II. Le consul L. Lentulus, dans un discours véhément, engagea le sénat à montrer plus de courage et de fermeté : il promit de le soutenir et de défendre la République ; « si, au contraire, l’assemblée, en ce moment critique, manquait d’énergie ; si, comme par le passé, elle entendait ménager César et se concilier ses bonnes grâces, ce serait fait de son autorité ; pour sa part, il s’empresserait de s’y soustraire et ne prendrait plus conseil que de lui-même. Après tout, lui aussi peut gagner l’amitié et la faveur de César. » Scipion parla dans le même sens : « Pompée, dit-il, ne fera pas défaut à la République s’il est suivi par le sénat ; mais si l’on hésite, si l’on agit avec faiblesse, vainement le sénat implorera désormais son secours. » Ce

  1. Appien, Guerres civiles, II, xxxii.