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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/66

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grand nombre de radeaux, et essayèrent d’enlever les hauteurs ; mais, arrêtés par la solidité du retranchement (operis munitione) comme par les efforts et les traits des soldats qui

    être inquiétés par des traits lancés du haut des retranchements, car ces traits n’auraient pas porté jusqu’à la rive gauche du fleuve. Or il existe aujourd’hui, entre cette rive et le pied des hauteurs dans lesquelles les tranchées furent creusées, des terrains plats plus ou moins étendus. En admettant donc que le Rhône ait coulé il y a dix-neuf siècles dans le même lit que de nos jours, on peut se demander si les Romains n’ont pas construit, dans ces parties basses, près de la rive, pour attaquer les Helvètes pendant le passage même du Rhône, des retranchements ordinaires, composés d’un fossé et d’un rempart. Les fouilles pratiquées par le commandant Stoffel ont révélé partout, dans ces plaines, l’existence de terrains d’alluvion, ce qui ferait croire que le Rhône les couvrait autrefois. Du reste, quand même, à cette époque, les petites plaines dont il s’agit auraient déjà été découvertes, soit en totalité, soit en partie, on ne comprendrait pas que César y eût fait élever des ouvrages, puisque les hauteurs situées en arrière lui permettaient, par un travail plus prompt, de créer une défense plus redoutable, celle des tranchées ouvertes le long des crêtes. Comme on le voit, l’obstacle pour les assaillants ne commençait qu’à ces tranchées mêmes, en haut des versants.

    Quant aux vestiges qui paraissent exister aujourd’hui, voici ce qu’on en peut dire. Les pentes que les Romains fortifièrent à Chancy, de k en z, à Cologny, de s en y, offrent dans les parties supérieures, en quelques endroits, des ondulations de terrain dont la forme dénote le travail de l’homme. Au versant de Chancy, par exemple, le terrain présente un ressaut ii (Voir le profil hh), très-nettement accusé, et qui, particularité remarquable, a environ 11 pieds de hauteur et 8 à 9 pieds de largeur. Or n’est-il pas évident que, si l’un des fossés qui ont été décrits venait à se combler, soit naturellement par l’action du temps, soit par les travaux de la culture, il affecterait absolument la forme ii, avec les dimensions indiquées ci-dessus ? Il n’y a donc aucune témérité à considérer les accidents de terrain, tels que ii, comme des traces des tranchées romaines.

    On doit encore mentionner le ressaut de terrain vr, situé au-dessous de Cartigny. Sa forme est si régulière, si nette, de la crête jusqu’au pied du talus, qu’il est difficile de n’y pas voir les vestiges d’un travail fait de main d’homme.

    Il est possible d’évaluer approximativement le temps qu’il fallut aux troupes de César pour construire les 5 000 mètres de tranchées qui s’étendaient, à intervalles séparés, de Genève au Jura.

    On considérera, pour fixer les idées, un terrain ADV, incliné à 45 degrés, dans lequel serait pratiquée la tranchée ABCD. La grande paroi ABC avait