Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/96

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pays se compose de deux parties bien distinctes. La première comprend la vallée du Doubs depuis Besançon jusqu’à Montbéliard, la vallée de l’Oignon et le pays intermédiaire, contrée montagneuse, accidentée, très-boisée, et sans doute, à l’époque de la guerre des Gaules, plus difficile qu’aujourd’hui. L’autre partie, celle qui commence au coude prononcé que le Doubs forme près de Montbéliard, se compose d’ondulations allongées qui diminuent graduellement jusqu’à s’effacer dans les plaines du Rhin. Elle est beaucoup moins boisée que la première et offre des communications plus faciles. (Voir planche 4.)

César, comme il l’avait annoncé, partit le lendemain du jour de son allocution, et, décidé à conduire son armée par un pays ouvert, il contourna la région montagneuse et tourmentée dont nous venons de parler, faisant ainsi un circuit de plus de cinquante milles[1] (75 kil.), qui est représenté par une demi-circonférence dont le diamètre serait la ligne menée de Besançon à Arcey ; elle suit la route actuelle de Besançon et Vesoul jusqu’à Pennesières, et se continue par

  1. On a beaucoup discuté sur les mots : millium amplius quinquaginta circuitu. Les uns prétendent que le chiffre de cinquante milles indique la totalité du trajet, et qu’ainsi César aurait mis sept jours à parcourir cinquante milles, ce qui ferait environ sept kilomètres par jour : cette supposition est inadmissible. D’autres prétendent, au contraire, qu’il faut allonger de cinquante milles le trajet direct. Un passage des Commentaires réfute cette dernière interprétation (Guerre civile, I, lxiv) ; on y lit en effet : Ac tantum fuit in militibus studii, ut, millium VI ad iter addito circuitu, etc. Ce qui montre que, lorsque César entend parler d’un détour à ajouter à la longueur totale du trajet direct, il a soin de l’indiquer. Nous croyons donc plus simple d’admettre que les cinquante milles ne sont qu’une partie du trajet effectué pendant les sept jours de marche, c’est-à-dire que, après avoir fait un détour circulaire de cinquante milles, qui exigea trois ou quatre jours, César eut encore à marcher quelque temps avant de rencontrer l’ennemi, en suivant la route directe de Besançon au Rhin. L’étude du terrain justifie complètement cette manière de voir, car il suffisait à César de faire un détour de cinquante milles (75 kil.) pour contourner le pâté montagneux qui s’étend de Besançon à Montbéliard.