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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/131

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— Ça, j’sais pas. J’suis pas allé lui regarder sous la queue, mais si tu veux voir, ne te gêne pas !

— Il est gras ? s’enquérait un autre.

— Tâte-lui le râble !

Prudemment, l’amateur déclinait l’offre tout en se réservant un petit quartier de bidoche.

— J’ai déjà promis le train de derrière à Gibus et à Pigi, répondait Bati dont la femme s’opposait énergiquement à empoisonner ses casseroles en cuisant un gibier si haut en odeur ; pour le reste, choisis.

Et le renard, d’avance fut promis, distribué, partagé entre cinq ou six amateurs de cette viande au fumet puissant.

Gros Zidore et gros Léon prévenus eux aussi par la rumeur publique ne manquèrent point d’accourir et, vivement intéressés parce que de la partie, s’enquirent minutieusement de l’endroit où le voisin avait repéré son renard et de toutes les péripéties de la capture.

Ils félicitèrent de sa chance leur confrère occasionnel, tout en dissimulant avec soin la pointe de jalousie qui se mêlait à leurs compliments.

— Sacré grand Bati ! Est-il veinard ?

Et en dedans, ils songeaient :

— Ce n’est pas à nous qu’une telle aventure voulait arriver ! Pourtant nous payons vingt-huit francs de permis de chasse, dix francs d’amodia-