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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/185

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Cette question le préoccupa tout le reste de l’après-midi. Il n’en parla point, mais à quatre heures, dès que la sortie fut opérée et que les Grangers qui, en hiver, ne s’attardaient jamais, furent partis, tous les camarades étant placés derrière lui pour une ultime tournée, il quitta le premier rang et passa une rigoureuse et sévère revue de pieds. Tous, l’un après l’autre, durent lui exhiber le dessous de leurs semelles et ils le firent, les uns de bonne grâce, les autres furieux de ce qu’on osât les soupçonner d’un crime aussi noir.

Sa visite terminée, Lebrac dut convenir que pas un de ceux qui étaient devant lui n’était coupable. Il les mena visiter les endroits atteints auxquels on résolut de porter sur l’heure un prompt remède : avec de la neige fraîche que l’on compressa, piétina, tassa et fit fondre pour la faire regeler cela redevint glace ou à peu près, mais cela ne désignait point le coupable.

— Je parierais, fit La Crique, que c’est un des Grangers ? Immédiatement, en effet, on se souvint que l’aîné des deux frères s’était glissé une fois, juste avant Lebrac, parbleu, et il y eut dans toute la bande une immense clameur de réprobation, de colère et de vengeance.

— Il faut leur défendre de se reglisser, demain !

— Penses-tu qu’ils t’écouteront : ils iront se