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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/192

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Quelques scènes habilement espacées, pleurs et grincements de dents, amenèrent l’hésitant Jourgeot plus près encore de la culbute et, en désespoir de cause, il s’en fut confier ses appréhensions à son conscrit, le grand Louis, et demander à son amitié éclairée un avis fortement motivé ainsi qu’il les donnait toujours.

Pour la première fois, peut-être, le grand Louis fut hésitant :

— Voyons, qu’est-ce que tu en penses… à soixante-huit ans ? interrogeait Jourgeot.

— Tu sens bien ce que tu peux faire, répliquait le camarade.

— Oui, bien sûr, évidemment que… pour ce qui est de la chose… mais enfin je croyais qu’à mon âge… ça ne valait plus rien.

— Heum ! Ça dépend ! Ça dépend des femmes ! Peut-être bien qu’oui et peut-être que non ! Ça se peut comme ça ne se peut pas ! On a vu des choses plus drôles !

— Pour sûr, approuvait Jourgeot. Dire que j’aurais été si tranquille sans cette sacrée histoire.

Le grand Louis reprit le crachoir et, deux heures durant, sa vaste érudition et sa prodigieuse mémoire tinrent l’ami Jourgeot sous le charme de récits étonnants et contradictoires où l’on voyait tantôt des vieillards solides — comme Jourgeot — devenir pères de fort beaux enfants ;