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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/215

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UN SATYRE


Comme l’angelus sonnait, le soleil s’étant depuis un moment déjà mussé derrière les nuages rouges du Mont de la Bouloie, Mimile, le petit gars du père Victor, qui gardait ses bêtes dans l’enclos des Essarts, rassembla ses vaches et ses bœufs et, le fouet claquant comme pour une menace, modula longuement d’un gosier sonore le cri coutumier de ralliement et de retour : « À l’eau lô-lô-lô lô-lô…ve ! »

Dans l’air rafraîchi où une impalpable brume se condensait en rosée, les bêtes levèrent leur mufle humide et, dociles à l’invite de leur jeune gardien, gravirent le coteau pour reprendre, par la saignée pratiquée dans le petit bois qui délimitait en haut leur pâture, le chemin de terre bordé de haies vives aboutissant au village.

Aux alentours et dans les lointains invisibles, les tintements joyeux des clochettes argentines et les bourdons graves des sonneaux indiquaient à Mimile que les autres petits bergers, ainsi que les bergères de son âge rapatriaient comme lui vers