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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/236

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un break couvert, des gens en tube ou en chapeau melon qui, à leur tour, se rendirent chez la Tavie.

Une demi-heure plus tard, une nouvelle arrivée sensationnelle se produisit. Les menottes aux mains, encadré par deux gendarmes, Le Rouge, qui s’était constitué prisonnier durant la nuit, s’engageait dans la grande rue du village. Il était pâle, défait, et triste comme quelqu’un qui aurait longuement souffert.

Une rumeur furieuse monta de la foule amassée : des injures, des menaces lui furent criées, des poings brandis se tendirent de son côté, tandis que des femmes, plus excitées encore, menaçaient de lui crever les yeux avec leurs aiguilles à tricoter.

Lui, secouait la tête continuellement, éperdument, en signe de dénégation.

— Misérable ! bandit ! satyre !

— Attends, canaille ! la cour d’assises, les juges rouges, la guillotine, le couperet !

Les gosses, figés d’horreur, écoutaient ces injures et ces malédictions, et, parmi eux, Mimile, plus pâle et plus tremblant que jamais sur ses jambes molles.

Les trois nouveaux arrivés pénétrèrent eux aussi dans la maison de la Tavie.

— C’est pour la confrontation, déclara le garde-champêtre qui avait pu, ayant introduit les magistrats, assister à une partie de l’instruction.