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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/237

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— Eh bien ! l’interrogeait-on. Qu’est-ce qu’à dit le médecin ?

— Pas grand’chose, il paraît que l’acte n’a pas dû être emperpétré.

— Ah ! mais la vieille Zélie a pourtant vu ! Qu’a-t-elle dit ?

— Elle prétend qu’elle a vu la gamine avec ses jupes retroussées.

— Et la gosse ?

— La gosse dit que ce n’est pas vrai, qu’elle n’avait que des cailloux et des fleurs dans sa robe repliée en poche et nouée derrière son dos. Quant au Rouge, vous avez pu le voir, il nie formellement.

Mais Mimile ne pouvait plus rien entendre de ces conversations qui lui eussent enlevé de dessus le cœur un poids terrible.

Pâle comme un linceul, après avoir assisté à l’arrivée du Rouge et entendu les mots de cour d’assises et de guillotine, il avait dû s’appuyer contre un mur pour ne pas tomber. Sa mère, prévenue, l’avait emmené immédiatement à la maison où, sitôt rendue, elle le déshabilla et le fit coucher.

— J’ai… j’ai bien mal, balbutiait l’enfant d’une voix dolente, bien mal à la tête.

— C’est rien, t’auras pris froid cette nuit en te découvrant ; je vais te faire une infusion et quand tu auras dormi, ce sera passé, affirma la femme.