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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/127

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LA FIN DE RABEVEL

leva les yeux vers Olivier. Il s’était découvert, offrant à ses regards une magnifique chevelure solaire et le front rayonnant d’un jeune dieu. Il dit quelques mots à Bernard. Le ton du discours, le timbre de la voix, le regard souverain, l’allure directe de ce personnage nouveau, présentaient une originalité si forte et si attractive qu’Isabelle en fut frappée.

— Il est tout de même beau, mon fils, pensait Bernard orgueilleusement tandis que les jeunes gens entamaient la conversation.

Il les écouta sans rien dire. Il eut vite discerné dans la jeune fille un petit être positif, un peu moqueur, réfractaire à l’indéfini. « Trop de pondération, jugeait-il, trop d’équilibre ; trop de sensibilité à la relativité de la condition humaine. Elle a en trop ce qui manque à Olivier et réciproquement. Il lui faudrait un homme à sauver ». Il sourit : Pourquoi pas ?

Les jeunes gens parlaient de leurs études. Elle lui parut singulièrement cultivée : « Pas bête, l’enfant, ma foi ; de la tête, de la volonté, de la culture. Peut-être faudra-t-il l’appeler à la rescousse quand le sire Olivier décidera de filer sur les Océans ». Depuis que, penché sur son fils, son amour paternel s’était peu à peu accru jusqu’à le posséder entièrement, l’amour d’aventures du jeune homme l’effrayait quand il songeait qu’un jour venu, Olivier voudrait peut-être le quitter au lieu de rester tranquillement dans ses bureaux. L’idée d’une attache qui pourrait efficacement maintenir le jeune homme lui sourit. « Lais-