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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/155

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LA FIN DE RABEVEL

qu’ils reconnurent. Elle était brillamment éclairée et allait à toute petite allure. Ils y distinguèrent Rabevel penché avec ferveur sur les doigts d’une femme.

Marc et Olivier se regardèrent en silence ; c’était Balbine Vassal.

Ils n’attendirent pas le lendemain sans curiosité. Qu’allait être cette réception ? Splendide sans doute comme d’habitude. Mais pourvu que n’y éclatât pas quelque scandale ! Ils espéraient cependant que rien de la vie intime de l’armateur ne transparaîtrait sous l’apparat de la fête. Car Rabevel aimait l’apparat. Tous les Parisiens connaissaient déjà sa magnificence à cette époque. Depuis, d’ailleurs, le rôle politique et économique qu’il joua, le mirent suffisamment en vedette pour qu’on en vint à savoir, par la presse ou autrement, le détail de sa vie, en ce qu’elle avait d’apparent, avec cette minutie particulière à notre temps.

En 1909, toutefois, l’armateur ne possédait encore ni le vieil hôtel de la rue Barbey-de-Jouy dont la belle façade passe pour le chef-d’œuvre de Du Cerceau, ni le ravissant château de la Champmeslé qu’un admirateur de la grande actrice lui avait fait construire, aux portes de Paris, à la Grenouillère, et où Rabevel donna vers la fin de la guerre les fêtes qui firent le scandale et l’admiration de la Capitale. Il habitait un hôtel, somptueux certes, mais de construction récente et sans beauté, dans le quartier Monceau.

Il n’avait rien épargné pour le rendre confortable ; sans