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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/162

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LE MAL DES ARDENTS

faire que par les maquignons. L’amateur n’en doit faire qu’un cas secondaire car le véritable artiste doit donner une telle vie à l’œuvre belle que l’auditeur ne puisse penser à autre chose qu’à elle. Pendant le concert et au moment où il cesse, l’assistance, si l’artisan fut excellent, ne doit entendre et voir que l’œuvre.

Elle parlait avec feu et Marc la regardait, le cœur empli d’une douceur ravie qu’il ne connaissait pas ; elle en eut l’intuition soudaine et se détourna un peu. Puis, comme malgré elle, lui prenant le bras :

— Je suis un peu fatiguée, dit-elle, voulez-vous me mener dans un coin tranquille où je puisse me reposer ? Je vous rendrai la liberté aussitôt.

Olivier qui ne goûtait guère la danse et la musique de salon s’ennuya vite ; il se disposait à filer à l’anglaise lorsqu’il croisa madame de Villarais.

— Elle est réellement belle, se dit-il.

Au moment de gagner le vestibule, comme il s’arrêtait un instant sur la porte, contemplant en dilettante la jeune femme, il se sentit frôlé par un bras nu qui vint s’appuyer sur le sien.

— Vous prenez, pour admirer cette petite sotte, un air qui est à mourir de rire, dit Balbine.

— Ah ! ce n’est, au fond, pas à elle que je pense, répondit-il, soudain redevenu triste.

Elle comprit :

— À qui ? dit-elle aussitôt, à qui ? Vous ne voulez pas le