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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/163

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LA FIN DE RABEVEL

dire, cachottier. En tous cas, ce n’est pas madame de Villarais que vous devriez regarder…

Elle ajouta provocante :

— Un homme comme vous doit rêver à mieux…

— Que voulez-vous dire ? demanda Olivier confusément gêné.

— Rien ! sinon qu’avec ce visage et cette allure on peut tout oser.

Elle le quitta brusquement et ouvrit la porte d’un petit boudoir obscur où elle se jeta. Olivier sentit refluer à son visage un sang brûlant ; il eut l’impression soudaine d’un soufflet. Un besoin animal de posséder cette femme, sans un désir précis, sans qu’aucune vision l’y excitât, sans même qu’il eût conscience d’une volonté passagère de sa chair, l’envahissait tout d’un coup d’une façon impérieuse qu’il avait ignorée jusqu’à ce jour. Les passades rapides, les fredaines d’étudiant s’expliquaient par des raisons toutes naturelles : mais il lui parut que cette obéissance instinctive et immédiate aux désirs d’une femme le ravalerait au rang d’un amant servile. Eh ! quoi, on lui disait qu’il pouvait tout oser ?  N’était-ce pas lui donner des ordres ? Il imagina Balbine, dans l’ombre propice, l’attendant pour l’affoler davantage, pour le conquérir tout à fait, lui faire connaître sans doute la saveur de ses lèvres et lui donner un rendez-vous… Il eut un hoquet de dégoût ; il se sentit tout à coup, et physiquement, si proche de l’ordure ! Et seulement à ce moment-là il