Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
LA FIN DE RABEVEL

son visage. Elle connaissait par le menu les difficultés où se débattait son père ; seul, disait celui-ci, celui qui m’a engagé dans cette affaire peut m’en tirer avec honneur. Mais, tout occupée par son fils, elle n’apportait plus à ces combinaisons malencontreuses qu’une attention distraite. Aussi fut-elle fort étonnée lorsqu’un jour, dans la petite maison où elle vivait depuis le retour de son frère à la demeure paternelle, son père arriva et lui déclara tout à trac que si Rabevel ne venait pas arranger la situation, « il était dans le lac » ; la situation semblait désespérée : les créanciers montraient les dents, l’usine marchait mal, ne rapportait plus rien, avant six mois c’était la faillite ; le pauvre homme pleurait et se lamentait. Angèle désolée lui demanda ce qu’il comptait faire.

— Il faut que Rabevel vienne ici, tu comprends. On réunira les créanciers ; lui, il peut les faire attendre : il jouit d’un assez grand crédit. Il verra aussi l’usine : sûrement j’ai été mis dedans pour cette affaire par le fournisseur ; il saura s’en rendre compte et arranger cela. Quand on verra que tout remarche et qu’il n’y a plus d’espoir de faillite, les gens qui tergiversent pour racheter les terres à jardin n’hésiteront plus. S’il ne vient pas, c’est fichu. Et puis, à lui aussi je dois de l’argent, j’ai des traites à échéance dans six mois ; pourvu qu’il ne les ait pas mises en circulation ! Je lui ai tellement dit qu’il pouvait compter que je ne les renouvellerais plus !

— Écris-lui de venir.