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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/218

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LE MAL DES ARDENTS

excellentes ? Cette occasion que les hasards de la guerre lui offraient et que l’ardeur d’Olivier mal servie par son indécision sentimentale n’avait su ou voulu mettre à profit, allait-elle la laisser échapper ? Avec sa rapidité de décision habituelle, elle dit :

— Mais, nous aussi, nous venons. Comment ? Monsieur Rabevel ne vous a pas entretenus de notre projet ? Voilà un mois que nous nous préparons et que nous avons décidé de vous offrir notre compagnie !

Rabevel la contempla avec surprise. Mais elle, se pressant contre lui d’un air câlin :

— N’est-ce pas ? dit-elle.

— Certainement, répondit Rabevel, cela me donnera le mois de repos et de distraction dont j’ai grandement besoin.

Cette lubie dont il était le seul avec Madame de Villarais à ne pas comprendre le mobile, malgré sa jalousie habituelle, démontrait chez Balbine une telle volonté de mener à bout la séduction qu’elle avait entreprise, que Marc et Noë en frissonnèrent. Mais comment refuser d’obéir au tout-puissant ministre ?

— Je te plains, dit Noë à l’oreille de Marc ; cette fois le drame est inévitable ; car, entre de tels êtres, le dépit, la vengeance, la jalousie et l’amour n’interviendront pas sans faire couler le sang.

Ils rentrèrent dans le vestibule pour y prendre leurs manteaux. Dans l’ombre propice, Balbine, tentatrice, son