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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/219

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LA FIN DE RABEVEL

corps chaud collé à celui d’Olivier, son regard et ses lèvres tendus vers lui, lui souffla :

— Que ce voyage me promet de bonheur, Olivier !

Mais lui contemplait sur la muraille une frise qui disait l’histoire de Bacchus, son voyage sur l’Hellespont et l’accueil que lui firent les doux Égyptiens, et les belles furies qui domptaient des panthères.

Ses yeux s’arrêtèrent à un paysage où une femme accroupie, belle et tendre, semblait l’appeler.

— Vous admirez, dit Rabevel, qui s’était approché, ce tableau de Gauguin ; n’est-ce pas que ce paysage irréel et cette femme étrange lui viennent certainement des Îles Marquises ?

Autour d’Olivier s’évanouissaient les personnes vivantes avec les idées, la civilisation, les siècles qu’elles représentent.

Il ne voyait plus, au bord du Pacifique odorant, que les vahinés couronnées de fleurs qui chantent et dansent dans les soirs sans pareils et la gerbe bleue des lames sur le récif.

Ces quelques dernières journées qui lui restaient à vivre en Europe, Olivier les passa dans les musées et les jardins. Il s’emplissait l’esprit des radieux témoignages de la grandeur de sa race. La veille de son départ, ses valises bouclées, l’esprit libre et heureux, il se rendait aux Invalides depuis les Champs-Élysées ; il ne put s’empêcher de s’arrêter avant de traverser la Seine et d’entrer au Petit Palais.