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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/224

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LE MAL DES ARDENTS

Il accourut à elle.

— Ah ! Olivier, Olivier…Embrassez-moi, serrez-moi dans vos bras, mon cher amour, je savais bien que vous reviendriez !

En foule les sensations de jadis…

Les mêmes, son parfum, sa taille, ce sourire blessé et ce tendre visage…

Le père Budel ému était parti en sifflotant.

— Là, sur le banc d’autrefois, vous vous rappelez Olivier, asseyons-nous. Depuis si longtemps j’attendais ce moment ; mon Dieu, un peu de bonheur vient enfin à moi.

— Je dois vous dire, Isabelle…

— Taisez-vous, mon cher amour, ne me dites rien. Laissez-moi savourer ce peu de bonheur. Je le sens fugitif, je sais qu’il ne durera point. Votre cœur était léger, et vous n’avez changé sans doute que pour le donner à un autre. Mais mon cœur à moi, qui toujours vous accompagna implore comme une récompense ce silence et le don de quelques minutes et l’illusion du passé ».

Les larmes noyaient les yeux d’Olivier.

— Isabelle, vous êtes la meilleure…

— Non, Olivier, mais comme vous me rendez heureuse de vous voir ainsi. J’aurais voulu savoir ce que vous deveniez : impossible. Alors je voyais Marc parfois. Il ne voulait rien me dire sinon de renoncer à vous puisque voire intention était si claire. Mais je vivais par nos souvenirs. Il ne voulait