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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/238

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LE MAL DES ARDENTS

Napoléon valent cent années de celle de Joseph Prudhomme.

— Pour un juge impartial et pour Napoléon sans doute. Mais Joseph Prudhomme lui-même serait d’un avis opposé.

— Que nous importe son avis ?

— À son point de vue c’est le seul qui compte.

— Évidemment. Et c’est pourquoi il convient d’enrichir Joseph Prudhomme et de le convaincre. De nous convaincre tous. Toi qui aimes la vie, Olivier, suis-moi jusqu’au bout de la logique. Sache l’aimer dans ses aspects les plus vrais, non seulement quand elle est le beau fleuve, mais aussi quand elle est le torrent.

— Voici le tentateur ! s’écria Marc en riant. Voici le tentateur. Il nous a expliqué la conversion rapide de Thaïs et la chute simultanée et non moins rapide de Paphnuce. Et il nous induit à les imiter. Non, mon cher ami, la douche écossaise n’est pas faite pour tous les tempéraments.

— Je vous plains, dit Rabevel. Vous ne connaîtrez jamais la valeur de la vie ni celle de la mort.

— En quoi, répondit Olivier, vous apparaît la valeur de la mort ? Vous savez la terrible chose que cela est…

Il était manifestement égaré. La conséquence de sa blessure, la fièvre de la discussion, ces quelques mois de vie passionnelle si troublée et le souvenir soudain reparu de la seule femme qui l’eût violemment ému… Mais Marc lui prenait la main, le regardait dans les yeux intensément.

— Tais-toi, Olivier. Tu sais que ta mère n’est pas morte.