Aller au contenu

Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
LA FIN DE RABEVEL

Elle n’est pas morte. Ne l’as-tu point revue ? Je la revois moi-même. Elle te protège. Et tu peux être sûr qu’elle dirigera vers toi le bonheur que tu cherches en l’ignorant.

Ce regard le pénétrait comme une certitude. Certes le souvenir de sa mère était pour lui si présent qu’elle semblait vivre. Mais sa réalité ?

— Elle veille sur toi, répondit Marc.

Sans le vouloir, docilement, la tête perdue, Olivier répondait :

— Oui, sans doute, Marc, elle veille sur moi ». Et une grande paix l’enveloppait avec l’envie de pleurer doucement. Ce Rabevel tout à l’heure, quel sot, quel fou peut-être ? Il connaissait à présent l’étreinte d’une infinie langueur. Des apparences l’entouraient, vagues et mouvantes, des visages dans un rêve chantant si indécis, si flottant. Mais pourtant la voix intérieure de sa mère le bénissait ; elle voulait revivre à ses côtés par l’amour d’une vivante peut-être… Marc lui prit doucement le bras.

— Mon cher Olivier, lui dit-il, mon cher Olivier, il faut redevenir toi-même… » De nouveau son cher regard qui l’attirait ; les yeux d’Olivier s’y fixaient. Mais il ne pensait pas à lui. Seule l’image de sa mère l’absorbait. « Par l’amour d’une vivante »… Et puis soudain le charme se rompit. Dans la mémoire passèrent rapidement des images de sa vie, du passé mort et parmi elles quelques-unes qui s’attardaient : son père, sa mère — (maman !…) — il lui sembla qu’il sanglotait et puis, tiens, Isabelle…