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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/80

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LE MAL DES ARDENTS

— Bien sûr, répondit la Tante Rose, ce n’est pas très difficile. N’est-ce pas, monsieur Rabevel ?

— Je crois deviner aussi, fit Bernard.

Un instant après, un pas retentit dans l’escalier. Le Père Blinkine descendait, suivi par la jeune femme.

— Comme tu as l’air défait, ma pauvre petite ! s’écria la Tante Rose.

— Oui, je ne suis pas très bien.

— Tu as voulu trop en faire hier au soir, tu vois ; je te disais que tu pouvais monter, qu’on achèverait le travail sans toi ! Tu es belle, va, avec ce pauvre petit museau de quatre sous, pâle comme un rat blanc !

Elle lui tendit la dépêche et ajouta :

— Qu’est-ce qu’il va dire de te voir comme ça, celui-là ?… car c’est bien de lui, hein ?

Angèle avait ouvert le télégramme d’un geste vif ; elle le lut à haute voix :

« Viens d’arriver Bordeaux bonne santé. Serai Commanderie demain matin. Bons baisers à tous. François. »

Elle ajouta, regardant successivement Bernard, Abraham et Rose :

— Oui, qu’est-ce qu’il va dire en me voyant ainsi ?

Et elle se mit à pleurer avec un véritable désespoir.

— Accompagne-moi un peu, Bernard, demanda le Père Blinkine.

Ils descendirent sans rien dire au long de la colline. Quand ils arrivèrent dans la vallée, ils s’assirent pour se reposer un instant sur la rive du Viaur.