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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome III (1923, NRF).djvu/98

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LE MAL DES ARDENTS

avait rêvé pour Angèle. Reine l’y aidait innocemment, heureuse de retrouver une femme qui lui avait paru charmante et un enfant dont on pouvait espérer qu’il tirerait de sa torpeur l’intelligence du petit Jean. François tenait à passer son mois de congé dans le repos total que lui réservait la solitude de la Commanderie. Aussi n’arriva-t-il avec Angèle et Olivier que le troisième jour d’Octobre, avant-veille de son embarquement. À la descente du train où les attendait Madame Rabevel, il remarqua une grande affiche et poussa un cri d’étonnement : « Tiens ! Vassal donne un concert ? » — « Tu le connais donc ? » demanda Angèle. — « Mais oui, c’est tout une histoire. » — « Eh bien ! j’en suis friande, moi, des histoires, déclara Reine ; vous nous direz la vôtre tout à l’heure en déjeunant. »

Rabevel les rejoignit au repas auquel assistait la famille Noë : « Figure-toi, lui dit sa femme, que François connaît Vassal : tu sais, le violoniste ? »

— Oui, dit François, je l’ai connu de l’autre côté de la terre et je le reverrais avec plaisir.

Et comme on lui réclamait des détails, son regard lointain rayonnant aux chers souvenirs soudain rappelés, il raconta :

— J’ai rencontré Vassal, lors d’un de mes premiers voyages à Tahiti. Il venait de donner une série de concerts en Australie. Nous prîmes passage ensemble à Auckland sur le Malgave, un beau bateau qui faisait les services