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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/104

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LE MAL DES ARDENTS

— « C’est un peu brusqué » se disait Bernard un instant après, « mais, tout compte fait, cela vaut mieux. Une seule chose à craindre maintenant, c’est la conduite scandaleuse de ma mère. Il faudra que j’aille voir Noë demain matin et que je me procure son adresse. Je mettrai les pieds dans le plat ; elle ne me mangera pas, l’ogresse. » Il se rendit chez Abraham. Comme il tournait au coin de la rue il vit sortir de chez son ami une silhouette qu’il reconnut. Il ne put retenir un mouvement de colère, puis il fit un sourire satisfait : « C’est moi qui l’ai voulu, c’était fatal. Il a marché ce pauvre Abraham, mais c’est le moment d’agir. »

Dès qu’il fut devant son ami, il lui dit :

— Je suis très ennuyé. Je me trouve dans une situation assez difficile. Ton père m’a fait entrer dans la Société Bordes et Cie mais je n’ai pas un titre, aucune autorité, Bordes et les autres se fichent de moi. Ne pourrais-tu me prêter tes titres ? Tu en as 80, n’est-ce pas ?

— Oui, mais ils sont dans le coffre paternel.

— C’est juste. Tu peux pourtant me donner ton pouvoir pour te représenter pendant une période de X années aux assemblées.

— Écoute, c’est bien délicat ce que tu me demandes là ; j’ai l’habitude de donner tous les ans mon pouvoir à mon père qui y tient beaucoup et ne m’a donné des actions de cette société qu’à cette condition.

— C’est bon, n’en parlons plus.

Il entra dans la chambre ; Angèle l’embrassa puis se mit