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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/105

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LE FINANCIER RABEVEL

à pleurer. Il démêla la gêne, la crainte, l’amour, le repentir dans le désarroi de la jeune femme ; il lui parla tendrement évoqua un avenir de tendresse, une vie pleine de béatitude et la calma peu à peu. Elle était encore très faible et s’endormit tandis qu’il la berçait de mots câlins. Quand il la vit assoupie, il se tourna vers Abraham : « Allons dans ta chambre », lui dit-il.

Dès qu’ils furent entrés, il remarqua un prie-Dieu devant un Christ : « C’est fait, demanda-t-il, tu es baptisé ? » L’autre aquiesça de la tête. « Ta sincérité envers toi-même, ton courage t’honorent, dit Bernard gravement. Sans doute iras-tu plus loin ? »

— Oui, répondit Blinkine, je pense à faire comme Ratisbonne.

— C’est très bien, fit Bernard qui lui serra la main. Il répéta encore :

— C’est très bien.

Puis il ajouta :

— Seulement, tu comprends, chacun ne voit pas la vie à ta manière. Ce qui te réjouit m’ulcère. Le Père Régard sort sûrement d’ici, l’attitude d’Angèle à mon égard le montre. On retourne le cœur et l’esprit de l’être que j’aime le mieux au monde, on me la prend. Cela, je ne peux pas le supporter. Aussi je préfère te le dire tout de suite : demain, je viens chercher ma maîtresse et je l’emmène chez moi.

— Tu ne feras pas cela ! cria Abraham douloureusement.