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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/117

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LE FINANCIER RABEVEL

cette œillade professionnelle qui veut être invite, confidence et abandon, comment vont vos amours avec Lilian Fragonard ?

— Comment, vous connaissez déjà… Hélas ! très mal. Lilian m’est bien cruelle, vous savez.

— Elle sera là ce soir, je l’ai fait inviter pour vous dès que j’ai appris que vous seriez des nôtres, et vous serez voisins. Voyez comme je suis gentille.

Ramon regarda Bernard d’un air qui signifiait : Hein ! quelle maîtresse femme ! je te l’avais bien dit ! » et il se confondit en remerciements, en flatteries et en galanteries que la Farnésina buvait d’un air gourmand. « Quelle maquerelle ! » se dit Bernard. Cependant Sernola le présentait :

— Voici mon cousin qui est aussi mon ami d’enfance et camarade d’études, le marquis Luis de Calenda.

— Oh ! si jeune et déjà marquis ! dit la Farnésina en minaudant.

— Et d’une des plus vieilles familles espagnoles émigrées au dix-septième siècle. Son père est mort voici deux ans et il a hérité le titre.

— Jamais titre ne saurait être porté avec plus d’élégance » fit la demi-mondaine. Bernard se sentit des nausées. Mais la Farnésina l’entreprenait et il dut raconter une existence imaginaire qu’il inventait à mesure. L’entr’acte s’achevait. « Déjà », dit-elle ; mais Bardy et sa maîtresse proposèrent de céder leur place, ils iraient eux-mêmes dans la loge du