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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/142

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LE MAL DES ARDENTS

qu’il avait senti à cette époque pour la première fois de sa vie passer dans sa chair le tourment de la grande aventure dont son enfance avait envié le frisson aux pirates de jadis.

Le 3 Mars de cette année 1887, c’est-à-dire quelques jours après l’entretien qu’on vient de rapporter, les banquiers, les directeurs des établissements de crédit, les remisiers, les agents de change, et, d’une façon générale, toutes les personnes qui, de près ou de loin touchent à la Bourse, trouvèrent dans leur courrier le premier numéro d’une revue qui s’intitulait le Conseiller de l’Épargnant. Ils crurent d’abord avoir affaire à une nouvelle feuille de chantage financier comme il en naît et il en meurt des dizaines chaque année. À leur grande surprise, ils se trouvèrent en présence d’une revue du marché documentée, pondérée, sérieuse, et qui paraissait honnête ; quelques études très consciencieusement menées de diverses valeurs faisaient ressortir sans parti-pris apparent, par la simple comparaison des chiffres, la position de chaque affaire, ses chances d’avenir, les risques qu’elle pouvait présenter. Une large place était réservée à la Société Bordes et Cie qui était jugée avec faveur et dont il était dit que le passé semblait garantir l’avenir. Une tribune libre était ouverte à tous les correspondants bénévoles pourvu qu’ils fussent abonnés ; les abonnés avaient également droit à des renseignements gratuits qu’on leur garantissait impartiaux sur tous les postes de la Cote. La revue était bi-hebdomadaire et aspirait à devenir quotidienne.