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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/143

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LE FINANCIER RABEVEL

Cette formule nette, courtoise, cet appel à la collaboration de tous plurent au public ; de nombreuses personnes qui avaient ou croyaient avoir quelque chose à dire, s’abonnèrent et bientôt, l’engouement aidant, elles furent assez nombreuses pour que le Conseiller devint quotidien. La Tribune libre en fut la partie la plus vivante et la plus lue ; très surveillée, elle ne publiait que des communications d’une forme modérée mais en général intéressantes et quelquefois fort piquantes. Dès le deuxième numéro on avait pu lire ceci :

« La Direction de notre revue publie aujourd’hui dans sa Tribune libre sous la signature mystérieuse L’Œil une communication qui lui paraît extrêmement intéressante. Elle connaît l’auteur, personnalité considérable du monde financier, qui lui a demandé de respecter son incognito devant le public et elle se porte garante de son honorabilité auprès de ses lecteurs. »

Suivait la lettre de L’Œil :

« J’ai lu votre journal avec un vif intérêt. Il y a, semble-t-il, un réel effort d’indépendance et d’impartialité, c’est-à-dire d’honnêteté dans votre premier numéro. Mais ce n’est pas assez : les bons journaux financiers ne manquent pas, les bons spécialistes non plus. Ce qui nous manque en France ce sont les censeurs des mœurs financières. Et entendez-moi : non pas les soi-disant vengeurs de l’épargne, pour la plupart maître-chanteurs, mais des gens qui verraient les choses de haut, traient du particulier au général en vue de réformer les institutions pour le bien public. Je m’explique sur un exemple