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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/144

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LE MAL DES ARDENTS

pris au hasard parmi les valeurs que vous étudiez dans le numéro que j’ai sous les yeux.
 « Voici donc la Société Bordes. Votre technicien prend et compare les bilans : il les tient pour exacts ; il tient également les dividendes distribués pour normaux et donnant une bonne représentation de l’affaire. Il conclut de son étude que les chiffres peuvent inspirer confiance. Tout cela est fort bien, mais purement théorique et non réel.
 « Que voyons-nous, en effet, dans une telle affaire ? Rien du dehors. Mais faites examiner le compte « Pertes & Profits ». Cherchez d’où viennent les pertes qui réduisent si considérablement les bénéfices et vous y trouverez surestaries, chômage, radoub, casuei etc… dans des proportions que vous ne trouvez pas ailleurs. Consultez le tableau des frets, vous constaterez que cette société est obligée de consentir des frets plus bas que ses concurrents en raison de la durée plus grande de ses transports car elle n’a que des voiliers ! Elle est donc mal organisée ? Incontestablement. Elle est donc mal dirigée ? Oui et non. Lisez les compte-rendus de ses assemblées générales, voyez le tableau de son personnel et enfin compulsez le registre des actionnaires et vous comprendrez. Cette malheureuse société est grugée par des non-techniciens qui font une majorité, paralysent la direction technique et mènent une belle affaire à la ruine. Car il ne faut pas se faire d’illusion. L’action qui se traite à quatre mille ne justifie pas la moitié de ce cours et, aux vaches maigres qui s’annoncent pour les sociétés de navigation, vous la verrez descendre à 1.000, à 500, peut-être