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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome II (1923, NRF).djvu/208

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LE MAL DES ARDENTS

fort ; il sentait qu’il réussirait dans ses entreprises ; mais cela même lui faisait peur ; il se savait prêt à tout, débarrassé de tous les vains scrupules ; les dernières pudeurs de son âme s’alarmaient avant de s’évanouir.

Le soir même, il prit à Capdenac le train pour Paris. Dans son compartiment il ne pensait déjà plus qu’aux nécessités de ses affaires. Angèle veillait, douce et déchirante image, mais derrière le voile des propositions urgentes qui s’offraient en foule à sa réflexion et à sa volonté. L’essentiel était décidé relativement à ses adversaires et à ses auxiliaires. Mais les détails ? En particulier, la conduite à tenir à l’Assemblée Générale du 30 Mars le préoccupait déjà. Il passa sa nuit de voyage à y penser.

Et ce 30 mars, en remontant les Champs-Élysés pour se rendre à cette union, tout avait été si bien préparé qu’il ne redoutait plus rien. Sa pensée retourna à Angèle ; il songea vaguement à elle sans que son esprit s’arrêtât à rien de plus précis que du chagrin et du regret ; mais l’espérance du succès dans la lutte où il se débattait contre Blinkine et Mulot, refluait jusque-là, tempérait sa peine. Il avait marché sans s’en rendre compte ; il se heurta à un attroupement. Il leva la tête et s’aperçut qu’il était arrivé.